Vendredi 31 mai, la Salle Gramoun Lélé a vibré aux rythmes envoûtants de Grèn Sémé et de ses invités lors d'une soirée mémorable organisée par le Bisik, avec le soutien de La Région Réunion et du CRR. Un séisme sensoriel de magnitude infinie qui a débuté en douceur avec une sublime découverte outre-Atlantique : Maude Sonier qui a séduit le public avec sa voix chaleureuse, sa présence authentique et son charisme hors pair…
Après plusieurs mois d’absence nous célébrions hier soir avec bonheur le retour de Grèn Sémé et son nouvel EP « Maloya Gazé ». Un événement très attendu pour près de 400 spectateurs qui avaient fait le déplacement pour assister à cet événement exceptionnel.
Un bonheur n’arrive, on le sait, jamais seul et la soirée a débuté avec la talentueuse Maude Sonier, à peine débarquée du Festival international de musique universitaire de Belfort et avant ça du Nouveau-Brunswick au Canada où elle vit.
Avec une voix chaleureuse, Une présence scénique captivante et une joie de vivre et de chanter communicative, la jeune artiste de 21 ans a immédiatement conquis le public qui frappait des mains dès les premières mesures de « Demi-tour », titre éponyme de son premier EP qui vient tout juste de sortir.
Accompagnée de sa guitare ou du piano, Maude nous a transportés dans son univers musical pop-folk alternatif, presque psychédélique, toujours en évolution et riche en couleurs et autres « Fleurs ». Elle a littéralement enchanté le public avec des textes réconfortants, « M’entends-tu » (assurément), interprétés sur des airs imprévisibles et rêveurs « Jusqu’au prochain printemps » le tout parsemé d’émotions fortes, « La Neige », et d’anecdotes savoureuses à l’accent délicieux qui n’ont pas manqué de faire sourire les spectateurs convaincus.
** tombe la neige Impassible manège **
Une proposition remarquée qui s’est conclue avec une reprise poignante de “Motel 1755” du groupe Les Hay Babies, trio féminin originaire du Nouveau- Brunswick également, laissant la salle sous le charme.
Après un changement de plateau rondement mené, Grèn Sémé fait son entrée sur scène entraîné par le charismatique Carlo de Sacco. Avec Germain Lebot (batterie, percussions, chœurs), Rémi Cazal (programmation, synthétiseurs, chœurs), Bruno Cadet (guitares, chœurs) et Mickael Beaulieu (Rhodes, synthétiseurs, chœurs) le groupe donne le ton du concert qui s’annonce avec une intro musicale tonitruante. Avec un maloya original et toujours évolutif aux texte ciselés et poétiques, Grèn Sémé distille une poésie rock, des pulsations dub et des rythmes ternaires toujours aussi puissants ! La température est montée d’un cran dans la salle. Avant de nous présenter en exclusivité les nouveaux titres de l’E.P “Maloya Gazé”, tout juste publié, le groupe transport le public dans les senteurs de “Zamroza” (2022) et les nuages de « Poussière » enregistré, on s’en souvient, avec Gaël Faye en 2019.
Premier titre du nouvel E.P : « Alkol », le bien nommé, qui nous grise ou nous épuise, et nous noie dans un océan de pluie…
Premier invité à se dessiner en ombre chinoise en fond de scène : Bernard Joron que le public devine et appelle à cor et à cri quand il répond à Carlo sur le second couplet de “Zènés”. Une ode à nos marmailles, l’avenir de La Réunion, qui n’est pas sans faire écho au titre « Tous les enfants » d’Ousanousava justement…
Bernard reçoit un accueil incandescent quand il sort enfin de son écrin lumineux et c’est autour de cette flamme restée vive et de ce feu de joie que le groupe se resserre avec « « Baskil », un autre duo fulgurant… nou la pa oubliyé, non… Ni le bien, ni le mal, ni « Valmyr » Turbot, le prince tisaneur du Dimitile disparu en 2021 à qui Carlo rend un hommage bouleversant.
On l’a dit, la soirée allait être marquée par des collaborations exceptionnelles et des rencontres inédites. Après Bernard Joron c’est donc Marie Lanfroy du groupe Saodaj qui entre en scène sur « Tanbour » qui sonne et résonne dans le cœur de tous les réunionnais.
** « Fé lèv soley » pou pa tonb dan fénwar… **
Marie émerveille et électrise les spectateurs avec son énergie débordante et sa présence incroyable. Une performance spectaculaire avant de nous offrir un duo poignant sur « An Parlpa », qui nous rappelle que la solidarité et le vivre ensemble sont des valeurs primordiales dans notre île dont il faut entretenir la flamme pour ne pas se laisser gangréner par les réseaux sociaux qui prônent trop souvent l’exclusion et la division.
Un moment d’intense émotion, longuement applaudi par un public conscient et éclairé…
Le show reprend de plus belle avec une exclusivité, « Moi Maloya », offerte au public avec ferveur et avant « Fé lèv soley » un hommage aux artisans de la terre, sujet majeur de l’œuvre de Grèn Sémé.
Troisième invité de la soirée, Frédérik Madia, qui rejoint le groupe sur « Salangane » et embrase la salle avec son djembé volant et son enthousiasme incroyable. À tel point que Bernard et Marie improvise un maloya krazé, avant d’être gazé… puis Mickaël Beaulieu qui a quitté ses fidèles claviers pour lui aussi céder au démon de la danse…
Le concert touche à sa fin et la salle est chauffée à blanc, le public est debout et tous les artistes se retrouvent sur scène pour un grand final sur un « Maloya Gazé » véritablement explosif. Florence Boyer (Cie Artmayage) et sur scène et transe elle aussi clôturant ainsi la soirée sur une note euphorique et libérée de toute entrave ! Une performance magistrale !
Grèn Sémé, avec leur nouvel EP « Maloya Gazé » tout juste sorti dans les bacs, promet de continuer à enchanter ses fans avec des dates prévues à La Réunion au printemps et une tournée dans l’hexagone à l’automne 2024. Une chose est certaine, cette soirée restera gravée dans les mémoires de tous ceux qui y ont assisté.
Merci à tous pour votre présence incroyable et aux artistes pour leur talent incontestable. Merci à nos partenaires sans qui, évidemment, rien ne serait possible, à La Région réunion en particulier et au CRR, à toute l’équipe de la Salle Gramoun Lélé qui nous accueillait et à celle du Bisik fidèle au poste. Merci à Markotaz et au Théâtre Vladimir Canter pour leur ingénierie.
"Crédits équipe du Bisik"