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Josué Absalon, champion du monde «Plus le combat est difficile, plus la victoire est belle»


Rédigé le Jeudi 3 Juillet 2025 à 14:18 | Lu 436 fois modifié le Jeudi 3 Juillet 2025

Un an après avoir décroché son titre de champion d’Europe, Josué Absalon a tenu parole. Le 17 mai dernier, à Villepinte, le Réunionnais est devenu champion du monde ISKA des -61 kg. Un exploit retentissant dans un combat à haute intensité contre le Moldave Alexandru Cazacinschi. Fidèles à notre promesse, nous mettons Josué à la une cette semaine. Parce qu’il incarne bien plus qu’un champion. Il est devenu un symbole.



JOSUÉ, UN AN APRÈS VOTRE TITRE DE CHAMPION D’EUROPE, VOUS VOILÀ CHAMPION DU MONDE. RACONTEZ-NOUS CE COMBAT.

C’était un combat très stratégique. Mon adversaire, Alexandru Cazacinschi, est un Moldave qui vit en Italie. Il était plus grand, très puissant. Les deux premiers rounds étaient clairement à son avantage: il cognait fort, il imposait son rythme. J’ai dû faire preuve de patience et de sang-froid. À partir du troisième round, j’ai su renverser la tendance. J’ai remporté les trois derniers rounds aux points. Ce n’était pas spectaculaire, mais c’était solide. Ceinture mondiale à la clé.

QU’AVEZ-VOUS RESSENTI À LA FIN ?

De la fierté, forcément. Une ceinture mondiale, ce n’est pas rien. C’est une consécration, un aboutissement. On travaille dur toute l’année, dans l’ombre. Et puis ce jour-là, tout prend sens. C’est une joie immense. Mais dans ma tête, je suis déjà tourné vers la suite.

ÉTAIT-CE UNE ÉCHÉANCE PRÉVUE DEPUIS LONGTEMPS ?

Oui. Depuis le début d’année, on savait que ce combat aurait lieu. On s’y est préparés très sérieusement. J’ai même eu l’occasion de combattre deux fois avant cette échéance, ce qui m’a mis en bonne condition. Mais vous savez, une préparation, quand elle est bien faite, ça ne laisse pas indemne. J’ai eu des petits bobos, une arcade ouverte, une blessure au pied. Le jour J, il faut composer avec. J’ai appris à faire abstraction.

JUSTEMENT, COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU CE COMBAT MENTALEMENT ?

Au début, je me sentais bien. Je pensais même avoir gagné les premiers rounds. Et puis mon coach me dit que je suis derrière aux points, qu’il faut accélérer. Ce conseil m’a réveillé. J’ai mis les bouchées doubles dans les trois derniers rounds. C’est là qu’on voit l’importance du mental. Il faut savoir écouter, s’adapter, se surpasser. C’est ce que j’ai fait. Plus le combat est dur, plus la victoire est belle. 

DEPUIS CE TITRE, AVEZ-VOUS EU LES RETOMBÉES MÉDIATIQUES OU INSTITUTIONNELLES ESPÉRÉES ?

On commence à ouvrir des portes au niveau national et international. J’ai reçu des propositions pour boxer en Bretagne, dans d’autres galas. Des partenaires nous ont rejoints, surtout des amis, des gens qui croient en nous. Ça fait chaud au cœur. Mais localement, ça reste timide. On n’a pas encore été reçus par les institutions municipales ou départementales. C’est dommage. À La Réunion, on a une vraie terre de champions en sports de combat. Il faudrait plus de reconnaissance, plus de soutien.

CE MANQUE DE RECONNAISSANCE LOCALE VOUS AFFECTE-T-IL ?

Je viens des Camélias, un quartier qui n’a pas toujours bonne presse. Moi, je veux montrer qu’on peut en sortir, qu’on peut réussir. Mes résultats, c’est aussi ceux de tout un quartier, de toute une jeunesse. Je veux qu’on change de regard sur les jeunes de quartiers populaires. Ils ne sont pas condamnés à l’errance. Ils peuvent briller, porter haut les couleurs de La Réunion. Mais pour ça, il faut qu’on nous donne les moyens, qu’on nous soutienne. Un champion du monde, ça ne devrait pas galérer à trouver un emploi ou des financements.

ET JUSTEMENT, CÔTÉ PROFESSIONNEL, OÙ EN ÊTES-VOUS AUJOURD’HUI ?

J’ai quitté mon poste au casino. La naissance de mon enfant et la préparation de ce titre mondial ne me laissaient pas le choix. C’était trop intense. Je me concentre désormais sur ma carrière sportive. Je reste disponible pour me déplacer, pour boxer. Mais je reste aussi attentif aux opportunités. Mon rêve, ce serait de pouvoir vivre pleinement de mon sport. Ailleurs, un champion du monde est soutenu. Pourquoi pas ici ?

VOTRE COMPAGNE VOUS A SOUTENU DURANT CETTE PÉRIODE ?

Elle a été essentielle. Préparer un combat mondial avec un nouveau-né à la maison, ce n’est pas simple. Elle m’a permis de rester concentré. Elle a géré le quotidien pendant que je m’entraînais. Sans elle, ce titre ne serait peut-être pas là aujourd’hui. C’est une victoire d’équipe.

QUELS SONT DÉSORMAIS VOS OBJECTIFS ?

Je veux défendre cette ceinture chaque année. Et surtout, je veux aller chercher les ceintures des autres grandes ligues : la WAKO, la WKN. L’idée, c’est de devenir le champion des champions dans ma catégorie des -61 kg. Ce serait un rêve de les unifier. Mais ça demande des moyens, des contacts, une vraie stratégie. On y travaille.

POUR CEUX QUI NE CONNAISSENT PAS BIEN CE MILIEU, EXPLIQUEZ-NOUS : QUE SIGNIFIE DÉFENDRE SON TITRE ?

Dans ma catégorie, si un combattant veut devenir champion du monde ISKA, il doit me battre. Un organisateur peut proposer un combat pour défendre la ceinture. Je peux accepter ou refuser tant que l’année n’est pas écoulée. Je peux aussi organiser un événement chez moi et inviter un challenger. Mais c’est la fédération qui valide tout. Le combat doit être de haut niveau, bien encadré, et le champion doit recevoir un minimum garanti. Ce n’est pas un titre qu’on joue dans n’importe quelles conditions.

QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR LA SCÈNE RÉUNIONNAISE DES SPORTS DE COMBAT ?

En dix ans, on a un palmarès impressionnant. La Réunion est une vraie pépinière de talents. Mais on manque de structures, de financements, de reconnaissance. Si on avait les moyens des grandes régions, on ferait des ravages à l’international. Il est temps qu’on nous prenne au sérieux. On ne manque pas de champions. On manque juste de soutien.

ÊTES-VOUS CONSCIENT D'ÊTRE UN MODÈLE POUR LES JEUNES DE VOTRE CLUB ?

Les jeunes me regardent différemment. Je suis un peu leur locomotive. Je n’ai pas fini mon parcours, j’ai encore beaucoup à prouver. Mais si je peux leur montrer que c’est possible, que le travail paie, alors c’est gagné. Je veux qu’ils rêvent plus grand, qu’ils croient en eux. Et qu’ils sachent qu’un gars des Camélias peut devenir champion du monde.

Josué Absalon est aujourd’hui l’un des visages forts des sports de combat français. Champion du monde ISKA des -61 kg, il ne compte pas s’arrêter là. Loin de se reposer sur ses lauriers, il vise l’unification des titres et une reconnaissance à la hauteur de son talent. Plus qu’un sportif, il incarne l’espoir, le travail et la fierté d’un territoire. Et nous, à Télémag+, nous sommes fiers de la suivre.


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