TENSIONS INTERNATIONALES
Dans le même temps, les tensions entre les autorités mondiales et les réseaux sociaux semblent n’avoir jamais atteint un niveau aussi élevé. La suspension du compte de Donald Trump a été le premier échelon d’une escalade continue depuis les élections présidentielles américaines. Dernier soubresaut en date, la suppression, par Twitter, de deux messages postés par le président nigérian Muhammadu Buhari. Le chef de l’État le plus peuplé d’Afrique avait menacé, sur le réseau social, les indépendantistes biafrais avec qui les rapports sont de plus en plus violents. « Ceux d’entre nous (...) qui ont connu cette guerre, les traiteront avec le langage qu’ils comprennent », avait notamment menacé Buhari, faisant référence au conflit sanglant qui endeuilla le Biafra et le Nigéria entre 1967 et 1970. Un million de personnes avaient perdu la vie lors de cette guerre. Les responsables de Twitter ont jugé que ces messages ne respectaient pas leurs conditions d’utilisation et les ont supprimés, entraînant la colère des autorités nigérianes. « Twitter a peut-être ses règles, mais ce ne sont pas des règles universelles. Si un président est extrêmement préoccupé par quelque chose, il est libre de le dire », a déclaré le ministre de l’Information. Peu de temps après, le 4 juin, le gouvernement local suspendait l’activité de Twitter sur le sol nigérian pour « une durée indéterminée ». Une preuve de plus que les réseaux sociaux peinent à trouver leur juste place entre plateformes de libre expression et pouvoir, ou contre-pouvoir, supranational.
EN QUÊTE DE FORMULE
Dans la tourmente donc, Twitter cherche une nouvelle formule. L’oiseau bleu vient de sortir une offre payante, actuellement en test au Canada et en Australie. L’objectif est de proposer aux utilisateurs une expérience enrichie de nombreuses fonctionnalités. « Avec cette phase initiale, nous espérons acquérir une meilleure compréhension de ce qui peut rendre votre expérience sur Twitter plus personnalisée, plus animée et, en général, plus “au taquet” », a expliqué la plateforme de microblogging dans un communiqué. L’abonnement s’élève à environ 2,50 euros par mois et donne accès à des signets pour ranger ses tweets favoris dans des catégories, à un mode qui facilite les longues lectures et, surtout, à la possibilité de visualiser un tweet avant l’envoi définitif, pour pouvoir le modifier. Cette dernière option, réclamée de longue date par les utilisateurs, arrive enfin, mais son accès payant à fait lourdement réagir. « Nous entendons souvent, vraiment très souvent, que nous ne construisons pas toujours des fonctionnalités qui répondent aux besoins des usagers. Eh bien, cela va changer », a insisté Twitter. Dans le même temps, le réseau social a déployé, toujours en phase de test, un système de pourboire qui permet de récompenser et de rémunérer les créateurs de contenu de son choix. Avec tous ces changements, Twitter entend bien repartir de l’avant. L’oiseau bleu devra toutefois investir de manière importante afin de mieux gérer les problèmes de désinformation et de censure.