Emergence du riz péi


Rédigé le Lundi 15 Novembre 2021 à 15:17 | Lu 265 fois modifié le Mercredi 5 Juillet 2023

Dourado signifie « doré » en brésilien. Et Dourado précoce, c’est le nom d’une variété de riz plantée sur l’île depuis les années 1970 et dont la culture est perpétuée jusqu’à nos jours par l’Association Riz Réunion (ARR). « Dans le monde, il y a deux grandes familles de riz : d’une part, les variétés aquatiques qui poussent dans l’eau et d’autre part, celles qui sont dites pluviales qu’on sème directement dans la terre. Le dourado précoce, fait partie de cette deuxième catégorie, importée à La Réunion par nos aïeux dans le passé » rapporte Nicolas Florence, directeur de l’ARR qui croit dur comme fer au développement du riz péi et à l’émergence d’une véritable filière.



La variété Dourado

L’ARR a invité le grand public le samedi 16 octobre dernier au débarcadère de Saint-Paul pour découvrir ce riz lontan. Nicolas Florence rappelle son histoire : « En 1828, rien que sur Saint- Paul, il y avait 1200 hectares de riz pluvial ! La culture a été abandonnée petit à petit. En 1975, nos « aïeux » de la Setariz ont importé et ont fait la promotion de la variété Dourado précoce qui correspond totalement aux Réunionnais ». Grâce à des planteurs de Cilaos qui ont en gardé la semence et aux passionnés de l’ARR, ce riz lontan peut revenir aujourd’hui au goût du jour. Nicolas Florence assure qu’à La Réunion, les planteurs accompagnés par l’ARR et les techniciens de la Chambre verte produisent aujourd’hui en moyenne 3 tonnes à l’hectare. « L’idée n’est pas de remplacer les 43 000 tonnes de riz importés tous les ans dans l’île, mais tout simplement de… planter le riz à La Réunion. Nous sommes dans un milieu tropical, nous avons la semence reproductive : nou lé capab de le faire ! »

​TI PA TI PA, LE RIZ PÉI I SA ARIVÉ

L’ARR mise avant tout sur la qualité. Elle a mis en place un dispositif qui vise à multiplier les petites parcelles disséminées dans les 4 coins de l’île, de manière à déterminer les zones géographiques les plus propices à la culture et à la saisonnalité de la culture. Cette expérimentation, d’une durée de 16 mois, permettra d’établir un « calendrier paysan » qui servira à produire sans perte de rendement. Bruno Robert partage cette approche qui vise avant tout à favoriser l’installation et la stabilisation de l’activité : « Dans l’agriculture, sur le thème de l’alimentation beaucoup de monde parle. Mais l’agriculture n’est pas régie par la théorie ; elle est régie par l’action et la réalité. L’ARR et le Département sont dans le concret : on a vu le riz pays, on a vu comment ça réagit dans le champ, on l’a touché, on a vu la qualité, on a même goûté aujourd’hui. On commence par des plantations de 3000 m² puis on augmente au fur et à mesure les surfaces. C’est avec une politique de ti pa, ti pa et ce genre d’initiative qu’on va convaincre les agriculteurs sur la pertinence de ces alternatives et les rassurer pour l’avenir ».